lundi 7 octobre 2019

Week End du 5 & 6 Octobre 2019


Fragile ? et alors
Fragilité : Handicap ou Ressource ? 
La connaitre c’est déjà la réduire


Intro Année (Jean Bernard) :

                       Ne le laisse pas tomber, il est si fragile !

« Un Prince possédait une pierre précieuse magnifique dont il était fier à l'extrême. Un jour, par accident, ce joyau fut profondément rayé. Le Prince convoque alors les spécialistes les plus habiles pour rendre au joyau sa pureté originelle. Malgré tous leurs efforts, ils ne peuvent pas effacer la rayure...                                                                                                                                                  Mais un jour, arrive dans le pays un tailleur de pierres précieuses d'un génie inégalé. Avec douceur, ténacité, art et patience, il prend la pierre et taille le diamant en forme de rose. Il est assez habile et créatif pour utiliser la rayure, l'égratignure, afin d'en faire la tige même de la rose de telle sorte que la pierre précieuse apparait, après la reprise, infiniment plus belle, plus magnifique qu'elle ne l'était auparavant.»

« Je te rends grâce, Dieu de ma vie, pour la merveille que je suis »…
Dieu nous a créé merveille, et ce joyau, cette pierre précieuse, c’est chacun de nous, à l’aube de notre vie, et spirituellement depuis notre Baptême.                                                                                             Et puis au fil des ans, ceux qui nous ont élevé, éduqué étant par définition imparfaits, (puisqu’humains !), mais aussi les évènements de la vie, nous ont un peu… ou beaucoup rayé, voire rendu complètement opaques.
Fragile ? et alors ! A part l’oiseau rare parmi nous qui aurait été élevé par des parents parfaits, des éducateurs parfaits, nous supposons bien  tous, que nous avons  des zones de fragilité !
Les connaître, c’est déjà les réduire : Salomon dans le 1er livre des Rois  expose sa fragilité : « je ne sais pas agir en chef », plutôt que des désirs de puissance et de richesse (« je veux de l’or, du bétail, des femmes… euh pardon, des enfants…) Pour cela, Dieu peut l’exaucer, en lui donnant un cœur sage… et aussi ce qu’il n’a pas demandé : la richesse, le pouvoir !

Dans notre monde idylliquement parfait, relifté, botoxé au photoshop, optimisé, (où à la télé, « le maillon faible » est l’émission où on « élimine » comme sur le plan économique, on fait pudiquement  des « gains de productivité ») Bref, dans ce monde parfait, est-il raisonnable de reconnaitre des fragilités, donc des faiblesses, au risque de se faire enfoncer, avec mise en boite de 1ère sur les réseaux sociaux, ou bien est-il préférable de se blinder, pour ne pas « être vulnérable » à la critique, au risque de devenir insensible ?C’est ce que nous verrons dans  Le WE 2.
Mais un cœur aussi fermé soit-il par une muraille protectrice,  reste accessible à l’amour, s’il y a la confiance: c’est le sens de la parabole du fils prodigue  et du sacrement de la miséricorde, où Dieu nous rejoint justement dans nos fragilités, nos manques d’amour. 
Dans ce monde scolaire, économique, professionnel, sociétal en constant changement, où  la compétition prend le pas sur la solidarité, où les migrations climatiques et économiques ajoutent encore à la précarité du tissu social, ces fragilités peuvent-elles nous aider à devenir meilleurs ? c’est la question à laquelle nous essaierons de répondre…

Le WE 3 va élargir le débat : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups » : Non seulement on est fragile, mais en plus, nous sommes envoyés  dans un monde lui aussi fragile, pour ne pas dire malade, dévoyé, perverti… Heureusement que l’an dernier, le thème était l’espérance : ça compense un peu, et ça aide !!!
Mais parce que nous aurons vécu les WE 1 et 2, nous aurons un peu la marche à suivre pour ne pas baisser les bras, subir, et se faire manger par les loups ! mais au contraire agir, agiter, secouer : en un mot comme disait  Stéphane Hessel : pour s’indigner de façon constructive, pour faire avancer les choses, et bouger le monde économique, politique, et même ecclésial : . Ben Ali meurt en exil, Trump, on ne sait pas encore comment il finira, et l’archevêque d’Australie, ex No 4 du Vatican prend 7 ans de prison. C’est le sens du texte d’Amos 7,10 : « Ainsi parle Yahvé : Israël sera déporté. ».
 
Le WE 4   nous ramènera à nos 1ères heures de catéchisme, lorsque nous apprenions par cœur :  « Dieu est omniscient et tout puissant » mais après Auschwitz, force est de constater que Dieu a aussi sa zone de fragilité. Donc oui : il se peut bien que  Dieu ait créé l’homme à son image : en lui donnant un cœur aimant, entretenu par cet Esprit Saint, circulation d’amour entre le Père et le Fils.                                                                                                  Mais l’Amour n’est tout puissant que s’il est reçu, accepté, sinon, comme le Dieu de l’Apocalypse, il reste à la porte :  du cœur des SS de l’époque, ou de façon plus actuelle,  à celle de notre cœur, jusqu’à ce que nous lui ouvrions et le laissions agir…
Et quand on lui ouvre la porte, jusqu’où est-il puissant? Jusqu’au bout, par delà la mort, nous répond Jésus au Golgotha (c’est le 2ème texte proposé), là où l’Amour se révèle total, jusqu’au don de la vie : épisode revécu tant de fois au quotidien, par toute mère faisant un rempart de son corps pour sauver son enfant des snipers,  dans les rues de Sarajevo ou d’ailleurs, par Maximilien Kolbe, prenant la place d’un père de famille choisi en représailles pour être exécuté, justement à Auschwitz ou par d’innombrables saints méconnus à Fukushima ou Tchernobyl, morts en ambiance confinée pour que d’autres vivent.

Nous avons intitulé le WE 5 : « Entre ma fragilité et Sa force : ma prière, Son amour », en prolongement des we précédants : Comment, par nos temps de prière, la force de son amour vient pallier à notre difficulté à aimer : à cause de nos fragilités, le Bon Dieu sait où nous toucher, comment  nous  aider : « Invoqué par le pauvre, Dieu écoute » nous dit le Psaume 22. Auquel fait écho la parabole de la visite de Marie Madeleine chez le publicain Simon : M.Madeleine connait ses fragilités, elle dont l’arrivée s’accompagne du regard réprobateur des pharisiens présents chez Simon, tous des hommes si respectueux de la loi. Sa prière, c’est avec son corps qu’elle l’exprime, essuyant de ses cheveux les pieds de Jésus mouillés de ses larmes de contrition, mêlés à un parfum de prix…Jésus reçoit son geste et ses remords : « Parce qu’elle a montré beaucoup d’amour,  ses péchés lui sont pardonnés »
Ce regard de l’Amour sur nos fragilités, qui reconstruit en plus beau, autour de ces faiblesses acceptées, n’est-ce pas celui du ciseleur de pierres précieuses de notre conte ?
A l’opposé de la joaillerie,  après Marie Madeleine, terminons  sur la même note, avec Victor Hugo (ça nous changera de St Paul !!!!!) , qui nous parle de boue et de fange, mais avec tant d’espérance et de confiance !
Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe !
Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe !
Qui sait combien de jours sa faim a combattu !
Quand le vent du malheur ébranlait leur vertu,
Qui de nous n'a pas vu de ces femmes brisées
S'y cramponner longtemps de leurs mains épuisées !
Comme au bout d'une branche on voit étinceler
Une goutte de pluie où le ciel vient briller,
Qu'on secoue avec l'arbre et qui tremble et qui lutte,
Perle avant de tomber et fange après sa chute !

La faute en est à nous ; à toi, riche ! à ton or !
Cette fange d'ailleurs contient l'eau pure encor.
Pour que la goutte d'eau sorte de la poussière,
Et redevienne perle en sa splendeur première,
Il suffit, c'est ainsi que tout remonte au jour,
D'un rayon de soleil ou d'un rayon d'amour !