lundi 10 février 2025

8-9 Fevrier 2024

 La Justice et la Paix annoncée par les prophètes

 

L'introduction de Jean Bernard :

Bonjour à Tous,

Bienvenue sur ce chemin vers la paix, chemin paradoxalement bien tumultueux, comme nous l’avons vu dès le 1er we : la Paix est loin d’être de tout repos… Une vie de paix est loin d’être une vie paisible, selon les cas.

Avec le 1er we, nous avons vu le 1er niveau de la paix, à savoir « l’absence de guerre », à travers un des nombreux épisodes guerriers comme il y en a tout le long de l’ancien testament, en l’occurrence entre David et les Ammonites.   La  colombe de la Paix de Banksy  est un beau symbole de cette recherche d’absence de guerre : toujours précaire et à renouveler, ce n’est pas le contexte actuel au moyen-Orient qui nous contredira : une colombe tient fermement un rameau d’olivier dans son bec ; sur son poitrail, un gilet pare-balle, et se reflétant dessus, un viseur de sniper

Où vole cette colombe ? sur un mur de séparation en territoire occupé, comme en atteste le message à côté : « bienvenue en Palestine, bienvenue à Bethléem » avec toute la charge symbolique de ce village.

Le 2ème we  nous a décliné la paix, de l’absence de guerre, à la sérénité intérieure :  « L’absence de guerre » comme référence à la paix plus occidentale, ou bien « le calme et la tranquillité intérieure », comme référence plus orientale : la paix du cœur et de l’esprit, auxquelles font référence la salutation : « la paix soit avec vous :  selon le côté du mur : shalom ou Salamalecum » :  la paix pour soi est indissociable de celle autour de nous : c’est la double salutation de Marie et Elisabeth, qui se font écho.

C’est à la fois un chemin, une ligne de conduite, et un but à atteindre, un idéal, toujours repoussé, comme l’arc en ciel sur l’horizon.

Et les 2 sont complémentaires : c’est lorsque l’absence de guerre s’installe, que peuvent s’envisager  tranquillité, concorde, bien-être et prospérité, fruits d’une certaine compréhension mutuelle : c’est l’histoire de l’Europe depuis 1945 : on peut enfin passer de la « paix négative » (pas de guerre après un cessez le feu) à la « paix positive », où on introduit les notions d’équité, de justice, de développement, notions qui vont consolider la paix au niveau de la société, , et favoriser l’émergence d’une paix intérieure, permettant à chacun d’exercer ses droits fondamentaux, tels que décrits dans la déclaration des droits de l’homme.

Qui est garant de la paix, dans une société ? C’est bien sûr un droit régalien, par le respect de l’ordre, en démocratie, dans le contexte de séparation des 3 pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire (sinon, on parle de dictature, ou par euphémisme, de « pouvoir fort »). La paix, au niveau de la société, n’est qu’un fragile équilibre, là encore, c’est l’Europe des 20 dernières années : montée de l’extrême droite, concentration des pouvoirs (Hongrie, Russie).

Comment garantir au mieux la paix, dans une société ? Par la justice, comme nous le rappelait Lucile :

Justice distributive : de la répartition des biens pour satisfaire des besoins de base : se faire soigner, être éduqué, etc...

Justice corrective : sur le plan pécuniaire : par l’impôt : que chacun ait le minimum pour vivre décemment, mais aussi sur le plan judiciaire : éventuellement par le tribunal (il va être question de tribunaux, dans le texte de cet après midi) : garantir le (bon) droit de chacun, autre pouvoir régalien de l’état.

La paix comme « harmonie sociale », fruit de la « politique » au sens noble du terme : inspirée par le souci du « bien commun » de chaque citoyen et des politiques (mais là, c’est un idéal, est-il besoin de le préciser ?)

Nous voyons que depuis l’absence de guerre, la petite paix a grandi… sa crise d’adolescence, c’était l’affranchissement de l’autorité arbitraire du pouvoir sensé la protéger, et qui l’oppressait : elle est donc passée par la révolution, d’où nait la « déclaration des droits de l’homme ». La paix, ça se construit au fil des siècles.

Allons plus loin sur cette « harmonie sociale », développée depuis 1945 , non plus à l’échelle des individus, ni des pays, mais entre pays : Sur un modèle différent des Etats-Unis, ici, ça s’appelle la « Communauté européenne », où comme les individus d’une société, les pays gardent leur spécificité, et vivent en harmonie avec un recul de 80 ans, paix protégée par des lois européennes, un tribunal européen, et un exécutif commun, par le biais de commissions, et d’une présidence tournante.                        

 Là encore, la paix reste un équilibre fragile, voire pour certains, une utopie sur le long terme…

Avant ce 3ème we , nous avons abordé la paix dans un contexte exclusivement laïc : pas un mot sur le Bon Dieu… pourtant, que de guerres en son nom, depuis 20 siècles, des croisades  à la St Bartélémy…jusqu’au Gott mit uns.

Remontons donc 2750 ans, dans le contexte guerrier de l’Ancien Testament, au livre d’Amos, Dieu parle  par la bouche des prophètes : Ils sont en général sollicités par Dieu lorsque le peuple d’Israël s’éloigne du chemin proposé par Yahvé : Ils sont rarement là pour dire que tout va bien, mais plutôt en lanceurs d’alerte : modifiez votre façon de vivre, sinon… « Ninive sera détruite » (Bonne pioche : Jonas fut entendu, les habitants firent pénitence, et Ninive ne fut pas détruite) … ou bien : « Vous serez déportés à Babylone en esclavage, comme vos pères en Egypte » (mauvaise pioche : Jérémie ne fut pas entendu, et les autres tribus d’Israël furent effectivement déportées).

On peut dire que la paix est un idéal à atteindre, mais surtout un chemin à emprunter, et lorsque le peuple d’Israël se fourvoie, le Seigneur, par la bouche des prophètes, lui (on pourrait dire «  nous ») redonne la bonne direction, aussi déplaisante soit-elle. En fait, le terme n’est pas « déplaisante », mais avec de l’amour, on dit plutôt « exigeante ».

Ce que proposait Dieu par la bouche de Jérémie était plus de justice, facteur de paix sociale : on est donc passé d’une paix de nation, de société,  à une paix entre individus, avant d’accéder à une paix plus individuelle, intérieure.

Les 2 textes proposés ce we reprennent les conditions de la paix, telle qu’annoncées par la bouche du prophète Amos, dans le 1er texte, dont le maître mot est la justice.

Dans le 2ème, sans déflorer le sujet, le Hashtag est le mot « vérité »

La présence des prophètes fait rentrer en jeu la notion de paix de Yahvé : pas encore comme Jésus la présentera dans les Béatitudes (n’anticipons pas sur le 4ème we), mais la certitude, dans le texte d’Amos, que le niveau de paix intérieure et autour de chacun, conditionne le niveau de paix de la société, et bien sûr celui de notre relation à Dieu.

A l’inverse, le 2ème texte de Matthieu,  de demain, provocateur à l’extrême, nous dit que sans la paix de Dieu dans le cœur, toute tentative de paix dans notre quotidien est vouée à l’échec. Un peu comme si une hiérarchie de la paix, de l’amour devait ordonner notre quotidien :

1)      d’abord  la paix avec/selon notre créateur, lui la source de l’amour parfait et désintéressé, inconditionnel,

2)      Puis la paix avec nous même : Si Dieu nous a créé merveille, comment ne pas nous réconcilier avec nous même, si Lui ne nous condamne pas qui nous condamnera ?

3)      Puis la paix avec notre entourage proche : notre famille rapprochée, lieu de conflits, de secrets, de non dits, de rancœur, jalousie, injustice

4)      Enfin, en cercles concentriques, la paix autour de nous, dans notre milieu professionnel, associatif : sans la paix de Dieu en nous, comment espérer aplanir un conflit humain ?

Alors non, la paix n’est pas un long fleuve tranquille, mais rappelons nous que quelques soient les orages, la tempête, le Seigneur est dans la barque…et  qu’il faut juste penser à le réveiller…    

 

Texte du samedi  : Amos 5 vs 4/7/10-16/21-24  (AELF)

04 Car ainsi parle le Seigneur à la maison d’Israël : Cherchez-moi et vous vivrez.

07 On change le droit en poison, on jette à terre la justice.

11 C’est pourquoi, vous qui avez pressuré le faible et prélevé sur lui un tribut de blé, les maisons que vous avez bâties en pierre de taille, vous n’y habiterez pas, les vignes exquises que vous avez plantées, vous n’en boirez pas le vin.

12 Oui, je connais vos nombreux crimes, vos énormes péchés, oppresseurs du juste, preneurs de pots-de-vin ; au tribunal les malheureux sont écartés.

13 C’est pourquoi, en ce temps-ci, l’homme avisé se tait, car c’est un temps de malheur.

14 Cherchez le bien et non le mal, afin de vivre. Ainsi le Seigneur, Dieu de l’univers, sera avec vous, comme vous le déclarez.

15 Détestez le mal, aimez le bien, faites régner le droit au tribunal ; peut-être alors le Seigneur, Dieu de l’univers, fera-t-il grâce à ce qui reste d’Israël.

16 C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, le Dieu de l’univers, mon Seigneur : Sur toutes les places, on fera des lamentations, dans toutes les rues, on dira : « Hélas ! hélas ! » On convoquera le paysan au deuil, et aux lamentations, les pleureurs ;

21 Je déteste, je méprise vos fêtes, je n’ai aucun goût pour vos assemblées.

22 Quand vous me présentez des holocaustes et des offrandes, je ne les accueille pas ; vos sacrifices de bêtes grasses, je ne les regarde même pas.

23 Éloignez de moi le tapage de vos cantiques ; que je n’entende pas la musique de vos harpes.

24 Mais que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais !

 

Les questions

 * Repérer les personnages, lieux, les temps,les oppositions, les associations, les répétitions….Proposer un plan.

Plus près de nous

* Les relations ne sont pas au beau fixe, entre Yahvé et Israël, dans ce texte… Comment comprendre ces menaces ?

* En parlant de tribunal, la justice des hommes et celle de Yahvé ne semblent pas procéder des mêmes principes…. Lesquels sont les plus propices à la Paix ?

* Heureusement nous sommes 2500 ans après Amos (ouf !) mais, sans parler de Gaza ou de l’Ukraine, ne pourrait-on pas, au quotidien, faire un parallèle avec le monde actuel ?

*Pourquoi les cantiques, fêtes et autres offrandes semblent insupporter Yahvé ? Que préférerait il ?

 

Texte du Dimanche : Matthieu 10,32-40  (AELF)

 

32 Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux.

33 Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux.

34 Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive.

35 Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère :

36 on aura pour ennemis les gens de sa propre maison.

37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ;

38 celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.

39 Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la trouvera.

40 Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.

 

Les questions

* Repérer les personnages, lieux, les temps,les oppositions, les associations, les répétitions…

Proposer un plan.

Plus près de nous

* Pour que ce texte provocateur soit acceptable, comment comprendre le mot « glaive » ?

* Dans une démocratie laïque comme la France, que signifie au quotidien : « Prendre sa croix » ?

* Qu’est-ce que la « Paix » selon Jésus, dans ce texte ?

* Comment est-ce que je bâtis, je vis la paix en moi, autour de moi, dans ma vie ?